L’acétonémie Surveiller le déficit énergétique en début de lactation pour une IA réussie
Les deux mois qui s’écoulent entre le vêlage et la première insémination sont particulièrement délicats. La vache laitière maigrit faute d’apport suffisant en énergie, ce qui n’est pas sans conséquences sur la reproduction. En effet, ce déficit énergétique, ou acétonémie, induit des difficultés à maintenir les cycles ovariens, à exprimer les chaleurs, et entraine des problèmes de maturation de l’ovule.
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« Dans les jours qui suivent le vêlage, la capacité d’ingestion de la vache ne suffit pas à combler son déficit énergétique », explique Thomas Aubineau, vétérinaire au Gds d’Ille-et-Vilaine. La vache va naturellement pomper sur ces réserves lipidiques, d’où une perte d’état corporel. « Certaines vaches qui sont grasses au tarissement, se retrouvent très maigres un mois après le vêlage ».
Une vache qui maigrit beaucoup a du mal à maintenir ses cycles ovariens et à exprimer ses chaleurs.
« Avec l’augmentation de la production laitière par vache, les signes d’expression des chaleurs sont de moins en moins visibles, fait remarquer Thomas Aubineau. En effet, les quantités d’hormones produites sont plus limitées, avec des pics hormonaux moins francs, donc les vaches hautes productrices expriment plus difficilement leurs chaleurs ». D’après lui, c’est la nuit, entre minuit et six heure du matin, que les vaches expriment le mieux les chaleurs.
Un rapport TP/TB inférieur à 0,7 signale l’acétonémie
Pour diagnostiquer un déficit énergétique d’une vache après le vêlage, il est judicieux de calculer le rapport TP/TB au premier contrôle laitier. « Si le rapport TP/TB est inférieur à 0,7 c’est le signe que l’animal est en déficit énergétique, signale-t-il. Si ce rapport reste bas une fois le pic de lactation passé, c’est qu’il y a sans doute un problème d’alimentation pour l’ensemble du troupeau ».
Lorsqu’une vache maigrit et utilise ses réserves corporelles, elle produit des déchets plus ou moins toxiques pour l’organisme, comme l’acétone qui doit être détoxifiée par le foie.« L’acétone est un témoin de l’amaigrissement. Cette molécule se mesure facilement dans le sang, les urines ou dans le lait avec une bandelette ». Souvent asymptomatique, l’acétonémie, ou cétose, sur des vaches en début de lactation peut causer des troubles de la fertilité, ou des retours en chaleurs récurrents. « Des problèmes d’acidose, peuvent également entrainer de l’acétonémie», ajoute le vétérinaire.
L’origine d’un déficit énergétique métabolique peut venir d’un manque d’azote dans la ration. Pour cela, le taux d’urée est un bon indicateur de l’apport azoté. « Si le taux d’urée est inférieur à 200 – 250, c’est que la ration manque d’apport azoté », rappelle ThomasAubineau.
La qualité de l’ovule dépend du statut énergétique
D’autre part, avant d’être fécondé, un ovule doit avoir eu une phase de maturation de cinquante jours. Les ovules sont en maturation en permanence, mais ceux qui seront fécondés à l’IA vers les 60 à 70 jours qui suivent le vêlage commencent leur maturation une dizaine de jours après le début de lactation, au moment même où la vache tire sur ses réserves. D’après le vétérinaire, « la qualité de l’ovule peut être assez variable selon le statut énergétique de la vache. Un ovule de mauvaise qualité, ne sera pas sans conséquences sur les chances de réussite en première IA. »
Une fois fécondé, l’embryon met une quinzaine de jours avant de se fixer dans l’utérus. « Cette période qui suit l’insémination est particulièrement critique pour l’embryon. Tout facteur de stress risque de perturber la bonne fixation de celui-ci », explique le vétérinaire. D’ailleurs, l’éleveuse Nathalie Boucard a remarqué « que les vaches isolées lors de l’insémination retiennent moins bien. Cela les stresse de voir partir le troupeau au pâturage alors qu’elles sont maintenues aux cornadis. »
Retours décalés, maladies suspectées
Parfois, l’embryon réussit à s’implanter mais « coule » après quelques jours. Selon Thomas Aubineau du Gds 35, « s’il y a souvent des retours en chaleur décalés par rapport au cycle normal de 21 jours, la piste infectieuse peut être suspectée. Cette situation peut se produire avec des maladies abortives parasitaires comme la néosporose, bactériennes comme la fièvre Q, ou virales telles que la Bvd, la Fco, ou le Bhv 4. »
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